Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/183

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fallu une cause extérieure, une souffrance ayant sa source au loin. Laissées à elles-mêmes, les colonies se diviseront. Les gens de la Nouvelle-Angleterre, gens inquiets et turbulents, qui sont aussi désagréables chez eux qu’au dehors, voudront dominer le Sud. Le Sud ne se laissera pas dominer, les États du centre s’interposeront. Tout cela tombera en poussière : vous verrez les gens de la Nouvelle-Angleterre fuir le gouvernement qu’ils ont formé eux-mêmes, se réfugier au Canada, et implorer la protection de ce gouvernement britannique dont ils se sont plaints avec tant d’amertume. »

La prédiction était aventurée. Mais cette espèce de mépris pour un pays sans puissance n’était que trop fondée. On le sentit en Amérique. Le congrès comprit que l’Angleterre ferait le commerce comme elle l’entendrait et établirait les prohibitions qu’il lui conviendrait d’inventer, sans qu’il y eût moyen de se venger sur elle. On le vit bientôt par l’acte de 1783, qui fermait les ports anglais aux navires américains, et défendait même aux navires anglais l’importation du bœuf, du porc, du poisson, tirés des États du Nord. C’était la mise en interdit du commerce américain.

Dans cette extrémité, le congrès demanda aux États qu’on lui donnât le pouvoir de régler le commerce pendant quinze ans. Pour réduire l’Angleterre, l’Assemblée proposait une disposition énergique, c’était de n’admettre au commerce avec l’Amérique que les vaisseaux et les marchandises des nations qui, de leur côté, admettraient les articles et les navires américains. La pro-