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position fut reçue froidement. Les États trouvaient leur intérêt dans le trafic direct avec l’Angleterre. Quelques États avaient mis des droits différentiels sur les navires anglais, le Massachusetts entre autres ; mais comme ces actes n’étaient ni généraux, ni permanents, et que les prohibitions d’un État ne servaient qu’à enrichir le voisin, on n’en avait tiré aucun avantage, et il avait bientôt fallu y renoncer.

Tout cela hâtait la dissolution de la confédération. Ce fut une leçon pour l’Amérique, une des grandes leçons qui amenèrent bientôt l’idée qu’il fallait loger dans le congrès, pour me servir de l’expression américaine, le pouvoir de régler le commerce.

C’est ainsi que l’expérience apprit aux Américains que laisser à chaque État le droit de régler le commerce, c’était livrer l’Amérique à l’anarchie. Il est évident que si on laissait chaque province de France régler le commerce à sa guise, Bordeaux, par exemple, entendrait la question tout autrement que la Provence ou le Nord, et qu’il y aurait bientôt un désordre complet. C’est précisément parce qu’on a un pouvoir central que des transactions sont possibles et que, sans donner à personne une suprématie ruineuse pour les autres, on établit l’harmonie des intérêts et qu’on fait un grand pays.

Ces désordres eurent leur pendant dans une querelle qu’on eut avec l’Espagne ; et ici nous allons trouver un fait qui nous intéresse doublement, car la difficulté était la même que celle de la guerre actuelle, c’était la navigation du Mississipi.