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d’autorité qu’en ont, dans chaque État, les gouvernements particuliers.

« Craindre de donner au Congrès, constitué comme il est, des pouvoirs étendus pour des affaires nationales, me paraît le comble de l’absurdité et de la folie populaires. Le Congrès pourrait-il employer ces pouvoirs au détriment du public, sans se faire à lui-même autant et plus de mal ? Les intérêts des membres de cette assemblée ne sont-ils pas inséparablement liés à ceux de leurs commettants ?…

« Bien des gens pensent que dans ses réquisitions aux États, le Congrès a trop souvent pris le ton humble et suppliant, lorsqu’il avait le droit de faire valoir sa dignité souveraine et de commander l’obéissance. Quoi qu’il en soit, les réquisitions sont parfaitement vaines, lorsque treize États souverains, indépendants et désunis, sont dans l’habitude de discuter et de refuser à leur gré. Les réquisitions ne sont plus qu’un mot et une moquerie. Si vous disiez aux législatures d’État qu’elles ont violé le traité de paix, et qu’elles ont empiété sur les prérogatives de la confédération, elles vous riraient au nez.

« Que faut-il donc faire ? Les choses ne peuvent longtemps suivre le même train. Il est fort à craindre (comme vous le dites) que les hommes qui valent le mieux ne se dégoûtent de l’état des affaires, et ne soient disposés à une révolution quelle qu’elle soit. Nous sommes enclins à courir d’un extrême à l’autre. Prévoir et prévenir des événements désastreux, voilà quel serait le rôle de la sagesse et du patriotisme.

« Quel changement étonnant peuvent amener quelques années ! On me dit que les hommes respectables parlent eux-mêmes d’une forme de gouvernement monarchique sans en avoir horreur. C’est de la pensée que vient la parole, et de la parole à l’action il n’y a souvent qu’un pas. Mais qu’il serait irrévocable et terrible ! Quelle joie pour nos ennemis de voir leurs prédictions se vérifier ! Quel triomphe pour les avocats du despotisme de pouvoir prouver que nous sommes in-