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situation et de soumettre au congrès les mesures nécessaires, afin que ces mesures adoptées ensuite par le congrès fussent soumises à chacun des treize États, et que les réformes proposées devinssent l’œuvre du peuple tout entier.

Ce système de révision ne ressemble en rien à ce que nous imaginons. Nommer une commission ayant un objet déterminé, soumettre ensuite son travail à la discussion du congrès, et enfin au peuple des États, c’était en apparence un moyen très-lent, très-difficile ; mais ceux qui l’avaient proposé connaissaient les Américains, et c’était peut-être ce qu’on pouvait faire de mieux en ce moment. Au fond de ces mesures, en apparence si compliquées, il y avait une grande pensée qui devait sauver l’Union, c’est celle-ci. Pourquoi souffrait-on ? Parce que les États et le congrès n’avaient pu s’entendre. La jalousie des États paralysait le congrès, les représentations du congrès étaient dédaignées par les États. Il y avait donc deux pouvoirs constamment en querelle, et il n’y avait pas de raison pour que cette jalousie cessât de sitôt ; il était même facile de prévoir que les États, qui étaient chose vivante, finiraient par paralyser entièrement le congrès, et que la souveraineté fédérale disparaîtrait devant la souveraineté des États. Mais ni le congrès ni les États n’étaient le peuple américain ; on pouvait passer sur leur tête et s’adresser au peuple directement. Or il y avait bien des jalousies entre les États, mais il n’y avait pas de dissidences entre les citoyens de Virginie, de Pensylvanie, du Massachusetts. Tous étaient Américains, tous avaient le même senti-