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honneur ici-bas et à son salut dans l’autre monde ; puis, quand il a longtemps discuté, et qu’il a pris son parti, l’homme est admirable. C’est la plus grande, la plus honnête volonté que le monde ait jamais vue. Il fait ses objections à Jay. « Vous avez raison, dit-il, mais qu’arrivera-t-il si le peuple ne nous suit pas ? » C’est pour lui la question délicate. Suivi par l’opinion, on pouvait sauver l’Amérique ; si on n’en était pas suivi, c’était un nouveau ferment de discorde, et la dissolution arrivait. Il était permis à un patriote de s’effrayer d’un pareil avenir.

L’assemblée se réunit à Ànnapolis, en 1786 ; dès le premier jour on n’était pas en nombre. Cinq États seulement s’étaient fait représenter. Plusieurs avaient refusé d’y envoyer des délégués, d’autres l’avaient promis et ne l’avaient pas fait ; de toutes parts il y avait défiance. Pour des hommes ordinaires, c’était un échec de plus ; pour des patriotes fermement décidés à servir leur pays, il n’y a jamais de position mauvaise. Toute réunion où l’on peut parler hautement est une occasion de s’adresser au pays et de lui dire la vérité.

Hamilton et Jay prirent une résolution hardie. Ils demandèrent qu’au lieu de discuter sur une question insoluble, on s’adressât au pays tout entier, qu’on lui déclarât que la question de commerce n’était pas isolée ; qu’il fallait, pour la résoudre, discuter le principe même du gouvernement. Ils proposèrent de nommer une convention qui examinât les vices de la confédération, et demandèrent qu’au second lundi de mai 1787 on réunît à Philadelphie une convention chargée d’examiner la