Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/216

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définir exactement les pouvoirs. Dans mon opinion, une telle définition serait dangereuse, toute constitutionnelle qu’elle fût. La méfiance du congrès, la jalousie des États finiraient par tout paralyser.

« On a mis mon nom parmi ceux des délégués à la convention, mais il a été mis contrairement à mon désir, et il y reste contrairement à la prière que j’ai faite. Plusieurs raisons me semblent rendre ma présence peu convenable et peut-être dangereuse, quoiqu’il y en ait beaucoup qui puissent l’exiger. »

Quel mélange de simplicité, d’inquiétude et de clairvoyance ! Washington ne se fait pas illusion ; on arrive à une crise ; mais, avec la prudence qui le caractérise, il se demande s’il n’est pas utile d’attendre encore, surtout s’il est bon que le général Washington reparaisse sur la scène politique ; en d’autres termes, il a autant de crainte de se mettre en avant, qu’un ambitieux vulgaire en aurait eu le désir. C’est là le caractère de Washington : une grande réserve jointe à une grande énergie. Les événements se chargèrent de lui prouver qu’il avait tort. C’était le moment de l’émeute du Massachusetts, de la banqueroute du papier-monnaie, de la querelle avec l’Espagne à l’occasion de la navigation du Mississipi ; c’était le moment où l’État de New-York donnait le dernier coup à la confédération, en refusant de consentir à un impôt pour payer la dette extérieure et intérieure des États-Unis. À continuer dans cette voie, l’Amérique était perdue. Ces raisons, présentées de nouveau à Washington, le touchèrent. La première raison qui le décida, c’est que le peuple avait saisi avec empressement la proposition faite par la Convention