Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/239

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vifs que jamais. Pour lui, dès qu’il vit que l’opinion était contraire à ses idées, il fut le premier à abandonner le projet qu’il avait présenté ; restant toujours fidèle à la pensée d’obtenir par les institutions le maximum possible de stabilité. On lui reprocha de faire de l’Amérique une monarchie ; il répondit qu’il voulait en faire une république : qu’il n’avait pas la prétention d’être plus sage que son pays, mais que cette république il fallait lui donner la base la plus solide, de façon à ce que l’expérience fût complète. Du reste, ajoutait-il, si cette expérience ne réussit pas, il sera temps encore d’essayer de nouvelles institutions avant de renoncer à la forme républicaine, le plus noble de tous les gouvernements.

La constitution fondée, le grand rôle d’Hamilton commença. Rien n’est plus facile en ce monde que de défendre ses idées, parce qu’à ses idées on joint d’ordinaire ses passions. Mais ce qui est plus difficile et plus rare, c’est d’accepter une constitution politique qu’on n’a pas faite, c’est de sentir qu’une constitution qui ne répond pas à nos idées est cependant celle qui convient le mieux au pays, c’est enfin de s’effacer par amour du bien public, et de défendre des institutions qu’on n’approuve pas entièrement. C’est ce que fit Hamilton. Convaincu que toute division nouvelle amènerait la perte du pays, il se fit le défenseur de la constitution. Cette défense n’était pas chose aisée. La constitution faite et à demi acceptée par le congrès, il fallait la faire accepter par treize États différents, la discuter treize fois dans treize pays qui n’avaient ni les mêmes idées ni les