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mêmes intérêts, vaincre ces jalousies, et à force de raison, maintenir l’harmonie entre tous les citoyens.

Hamilton entreprit cette œuvre avec autant de courage que de talent ; il se réunit à deux hommes, dont l’un ne partageait pas toutes ses opinions : c’était Madison, qui plus tard fut président. Madison appartenait à une nuance plus démocratique ; mais il sentait, lui aussi, que la constitution était le salut du pays. Le second allié d’Hamilton était Jay : celui-là était de cœur et d’âme avec son jeune ami. Les trois patriotes se décidèrent à faire paraître une série d’articles destinés à soutenir et à populariser la constitution. On les a réunis en un volume intitulé le Fédéraliste. Mais ne nous laissons pas tromper par ce mot qui a un sens tout opposé en Amérique et en France. Chez nous, fédéralisme veut dire relâchement du lien central, en Amérique c’en est le resserrement ; c’est l’équivalent du mot centralisation. Le Fédéraliste est composé de quatre-vingt-cinq numéros. De ces quatre-vingt-cinq numéros, Hamilton en écrivit cinquante et un avec une ardeur extrême. Jay, qui avait commencé, fut blessé dans une émeute, à New-York, et fut obligé de se retirer de bonne heure pour ne reparaître qu’à la fin du travail. Madison et Hamilton furent donc les principaux auteurs de cette publication qui eut un grand succès : c’est un exposé si clair de la constitution, qu’encore aujourd’hui il en est un des meilleurs commentaires. La préface de cet écrit vous donnera une idée nette de ce que pensait et voulait Hamilton.