Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À côté d’eux se placent les Américains, La Fayette, Lameth et leurs amis, qui voudraient faire de la France une démocratie royale.

Puis vient le grand courant, le courant philosophique qui, il faut le dire, a été peu favorable à la liberté. On sortait de la France du dix-huitième siècle, on était encore tout imprégné de ses idées, et l’on s’imaginait que rien n’était plus facile que de constituer non pas seulement un gouvernement, mais une société. C’est la société tout entière qu’on voulait refondre. Pour cela il suffisait d’écrire une constitution. Les philosophes ne doutaient pas qu’une fois la constitution faite, la France, régénérée et transformée, ne marchât comme un seul homme vers un nouvel âge d’or. C’est là l’erreur capitale de la révolution.

Pour régénérer la France et l’humanité, la première chose à faire, c’était de déclarer les droits de l’homme ; ces droits promulgués, l’humanité était affranchie.

C’est ainsi que Duport disait : « Nous voulons faire une déclaration de droits pour tous les hommes, pour tous les temps, pour tous les pays, et servir d’exemple au monde. » Je crois, en effet, que s’il avait été possible de réaliser un tel programme, le monde en aurait été fort étonné. M. de Castellane ajoutait que « c’était parce qu’on avait oublié jusque-là d’étudier et de déclarer les droits de l’homme, que nos pères avaient cessé un jour d’être libres et que les peuples de l’Asie et de l’Afrique croupissaient encore dans l’esclavage. » Depuis lors nous avons eu beaucoup de déclarations des droits, et la liberté n’a pénétré ni en Asie ni en Afrique, ni même ailleurs.