Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sition était délicate. Son premier soin fut de s’entourer des hommes en qui il avait confiance ; mais il le fit avec une grande modération. Dans un gouvernement nouveau, au lendemain d’une révolution, quand tout était encore en suspens, il fallait ménager des partis que la paix ferait peu à peu disparaître. Washington appela dans son cabinet les hommes des opinions les plus opposées, les chefs de partis, afin que, s’il y avait division, elle fût secrète, qu’on n’agitât pas le pays, qu’on ne remuât point les passions. Il fallait que le président, le sénat et la chambre donnassent à l’Amérique l’exemple de l’accord et de l’union. C’est ainsi qu’il appela dans son cabinet Jefferson, le chef du parti démocratique, qui trouvait qu’on n’avait pas assez donné à l’indépendance des États, et Hamilton, qui trouvait qu’on n’avait pas donné assez à la puissance centrale ; il leur adjoignit le général Knox et Jay, ses deux vieux amis.

Dans ce cabinet, le poste le plus difficile, le ministère qui demandait le plus d’habileté et de travail, c’était le ministère des finances ; car, à vrai dire, l’Union n’avait pas de finances. Il n’y avait plus de crédit, on n’avait qu’un papier sans valeur ; il fallait tout créer, et tout créer dans un pays qui n’était pas centralisé, où il n’y avait pas de statistique, où on ne savait ni le chiffre des dépenses ni celui des ressources. C’est là que commence le troisième acte de la vie d’Hamilton. La conduite qu’il avait tenue au congrès, lors de la liquidation des pensions des officiers, avait montré que cet officier, qui connaissait si bien la guerre, avait en lui l’étoffe d’un administrateur ; aussi Robert Morris, le financier de la