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confédération, désigna-t-il Hamilton comme le seul homme capable de dissiper le chaos. Hamilton entreprit de créer tout un système financier en Amérique. C’est là une œuvre qui aurait pu demander la vie d’un homme, et en peu de temps il réussit.

Son secret était simple. Payer n’était pas possible ; mais quand un État ne peut pas payer ses créanciers, il peut au moins leur donner des garanties et remettre entre leurs mains un titre négociable. Toute la question est que le prix du marché n’équivale pas à une banqueroute faite aux créanciers. Le gouvernement fédéral ne pouvait trouver dans sa caisse ce qui n’y était pas ; mais, à force d’honnêteté et de soin, il pouvait relever son crédit. Hamilton proposa tout d’abord de ne pas faire banqueroute, de reconnaître les titres tels qu’ils existaient et de les payer. Cela semble aujourd’hui tout simple, mais à cette époque le gouvernement n’avait à sa disposition qu’un papier qui perdait quatre-vingts pour cent, et on se croyait patriote en proposant de forcer les créanciers de l’État à prendre au pair ce papier déprécié. Payer aux créanciers leur capital intégral, c’était, disait-on, leur accorder plus qu’ils n’avaient droit d’espérer ; c’était une dilapidation. Hamilton déclara qu’il fallait tout payer. Cette mesure si juste, il ne la fit adopter qu’avec des difficultés extrêmes ; il fallut l’influence de Washington, pour que Jefferson se résignât à ce que l’Amérique payât ses dettes. On reconnut donc la dette totale de l’Amérique ; on affecta au payement de cette dette les droits de douane, et il fut certain qu’après un nombre d’années,