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jours bienfaisant, en qui tous les êtres inférieurs vivent, agissent et existent.

B. F.

Franklin vécut assez pour voir la mise à exécution de la constitution, et dans une lettre qu’il écrivait à Washington, en 1789, au moment où celui-ci venait de commencer sa présidence, il lui disait : « Quant à moi, dans mon intérêt, il eût mieux valu que je fusse mort il y a déjà deux ans, car depuis deux ans je souffre des douleurs cuisantes ; mais je ne regrette pas de les avoir vécus, puisqu’ils m’ont permis de voir notre situation présente. J’achève ma quatre-vingt-quatrième année, et probablement ma vie ici-bas ; mais, dans quelque situation que je sois placé après ma mort, s’il me reste le souvenir de ce qui s’est passé sur la terre, je garderai l’estime, le respect et l’affection avec lesquels j’ai été depuis si longtemps votre ami. »

Et dans son testament, il lègue sa canne à Washington.

« Je lègue, dit-il, ma canne de pommier sauvage surmontée d’une belle pomme d’or figurant un bonnet de liberté, à mon ami, à l’ami du genre humain, au général Washington. Si c’était un sceptre, elle serait digne de lui et bien placée dans sa main. »

Vous voyez ce que sont ces hommes qui ont fait la constitution américaine, combien ils diffèrent, hélas ! par le beau côté, des hommes de la révolution française. Dans notre révolution, nous ne trouvons que des partis se faisant une guerre acharnée, des gens qui apportent