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cours, qui rempliraient un volume, nous ont été conservés dans les débats de cette Convention, qui ont été publiés par Elliot.

C’est, selon moi, le plus remarquable travail qu’on ait fait sur la constitution américaine. Personne ne l’a mieux comprise, mieux expliquée, n’en a mieux connu l’esprit et prévu la grandeur. On peut rapprocher le Fédéraliste des discours de Wilson ; mais le Fédéraliste, fait pour le grand public, se met à la portée des esprits peu éclairés, il contient des discussions qui aujourd’hui nous semblent prolixes. Dans les discours de Wilson, au contraire, il n’y a que la substance, la moelle des idées, mais je ne connais point de travail sur la liberté politique qui leur soit supérieur.

Wilson commence par examiner l’idée favorite des esprits paresseux : on aurait dû conserver la confédération en l’améliorant ; il l’écarté par une anecdote charmante que je vous demande la permission de vous conter. J’aime beaucoup les anecdotes, et il me semble que vous êtes comme les Athéniens : elles ne vous déplaisent pas.

Pope, le poëte anglais, était un petit homme bossu et contrefait ; c’était, de plus, un questionneur éternel. Un jour, qu’il était encore plus fatigant que de coutume, vous savez qu’il lui arriva de demander à son interlocuteur ce que c’était qu’un point d’interrogation, et que ce dernier, impatienté, lui répondit : « C’est une petite figure bossue et tortue qui fait toujours des questions. » Or Pope avait l’habitude de s’écrier quand il lui arrivait quelque événement : « God mend me, que Dieu me re-