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hors ligne. Il finit même par quitter New-York, et s’établit à Philadelphie en 1783. Là il fut bientôt distingué, rentra au congrès, et y joua un assez grand rôle comme financier, comme diplomate et comme homme politique.

Ce fut lui qui proposa d’établir le système décimal pour les monnaies américaines, bien avant que nous n’ayons pensé à notre réforme. Ce projet fut appliqué par Jefferson quelques années plus tard, en 1795. Le dollar, vous le savez, est divisé en cent parties. Comme politique, il joua un rôle assez important dans la Convention fédérale. C’était aussi un jeune homme, et il disait avec sa vivacité habituelle qu’il voyait encore dans l’assemblée des restes d’opinions coloniales, mais qu’il espérait que dans la génération nouvelle il ne resterait plus que des Américains. « Nous ne pouvons pas tuer le vieux dragon, disait-il, mais il faut lui arracher les dents ; » en d’autres termes, il voulait fonder l’union américaine et affaiblir les souverainetés locales. Par ses idées politiques, c’était ce qu’on appelle, dans le bon sens du mot, un aristocrate ; il se défiait de la démocratie ; il croyait que, si l’on donnait toute l’autorité aux masses, la propriété elle-même serait menacée, et que la condition des hommes qui travaillent et qui pensent ne serait pas bonne. Il voulait donc un sénat viager, un pouvoir exécutif également viager, des conditions de cens dans l’électorat et même dans la représentation. Ces idées le rapprochaient beaucoup d’Hamilton, et celui-ci avait voulu se l’associer quand il publia les lettres du Fédéraliste. Gouverneur fut de