Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/307

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cherche dans l’histoire un gouvernement où ces trois pouvoirs aient été nettement séparés sans jamais se mélanger plus ou moins les uns avec les autres, il est assez étrange qu’on ne le trouve nulle part. À l’époque où Montesquieu, Paley et Blackstone écrivent et professent ces principes acceptés par tous les Anglais, ils sont en face d’une constitution où le roi fait partie du parlement ; où les chambres ont une action très-grande sur l’administration ; où la chambre des communes peut accuser tous les hauts fonctionnaires et les renvoyer devant la chambre des lords qui les juge ; où enfin, tous les jours et avec l’appui de l’opinion, les juges font la loi.

Si donc on veut suivre ce principe avec l’absolu de la logique française, on arrive à cette conséquence qu’on a trouvé en Angleterre une théorie qui n’y a jamais été appliquée. C’est au contraire une maxime constante en Angleterre que le parlement, l’ensemble du pouvoir législatif, est composé de trois éléments : le roi, la Chambre des lords et la Chambre des communes ; le roi, suivant l’expression consacrée, est la tête, le principe et la fin du parlement. Rex est caput, principium et finis parliamenti. En Amérique, nous trouvons la même chose. Le principe est appliqué de la même façon. Le président a un droit de veto. Le veto, il est vrai, n’est que suspensif, mais il n’en donne pas moins au pouvoir exécutif une certaine part du pouvoir législatif. La justice a, de son côté, une part de l’autorité législative. Comme en Angleterre, comme autrefois à Rome, les précédents des cours font loi. Enfin, le