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Voilà autant de questions qui méritent un sérieux examen. Pour aujourd’hui, j’en examinerai seulement deux : le principe de représentation et les conditions de l’électorat.

En Amérique, la question du principe de représentation fut immédiatement tranchée. Il y avait des précédents, un usage établi ; les Américains ne voulaient rien changer aux excellentes habitudes qu’ils avaient reçues de l’Angleterre. Ils ne discutèrent donc pas, comme on le fit en France en 1789, si les députés devaient représenter le territoire, la population ou la richesse ; ou si l’on devait faire une combinaison de ces trois termes. Ils adoptèrent la représentation directe du peuple. Il y avait une raison pour qu’ils suivissent ce système. C’est ainsi qu’avaient été organisés leurs gouvernements coloniaux. Dans tous ces gouvernements, il y avait une chambre nommée par le peuple, avec des conditions de cens dans certaines colonies, avec de simples conditions de domicile dans d’autres ; mais c’était un principe reconnu et hors de toute discussion en Amérique, qu’il n’y avait de liberté véritable pour un pays et de garantie solide pour la propriété, qu’autant qu’une chambre nommée par le peuple, et responsable devant lui, tenait dans ses mains la bourse et l’épée, avait le dernier mot dans les questions de finances et de guerre. Le problème n’était donc pas difficile à résoudre pour chacun des États particuliers ; chacun d’eux fit son gouvernement sur le modèle des anciennes chambres coloniales, et il n’y eut pas de discussion. Mais quand il s’agit d’organiser la repré-