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tation nationale l’emporta, et c’est ce jour-là que l’Union fut fondée. Si l’on avait adopté l’autre système, on perpétuait la confédération avec toutes ses faiblesses ; on ne serait point sorti des jalousies locales ni de la lutte d’une province contre une autre. Aujourd’hui les représentants des États-Unis sont les représentants du peuple américain tout entier.

Vint ensuite la deuxième question : Quels seront les électeurs ? Il ne suffit pas de dire, en effet, que les députés seront nommés par le peuple, il faut savoir ce qu’on entend par le peuple ; car dans aucun pays on n’entend par ce mot l’ensemble de tous les habitants. Dans les États les plus démocratiques, il n’y a que les hommes âgés de plus de vingt-un ans qui votent ; par conséquent le peuple politique ne se compose que des citoyens qui ont atteint vingt-un ans. Qu’est-ce donc que l’électorat ? C’est une question qui, pendant la première révolution française, embarrassa singulièrement nos pères. Sous l’influence des idées de Rousseau et de Mably, ils voyaient dans le droit électoral un droit naturel, absolu, que l’homme avait apporté en société. Chaque citoyen s’étant lié par une espèce de contrat pour constituer la société, chacun avait par conséquent apporté avec soi son droit de s’occuper des affaires sociales. Cette idée est particulière à la France. Ni en Angleterre, ni en Amérique, ni dans aucun autre pays du monde on n’a supposé que le droit électoral fût un droit naturel ; on n’y a vu qu’une fonction politique que chaque peuple règle à son gré, selon l’état social du moment, et dans les conditions les plus variables. Tous les peu-