j’avoue que c’est pour moi la même chose. La logique est également en défaut.
Comment le suffrage universel met-il les trois quarts de la nation en dehors du vote ? Nous sommes trente-cinq millions de Français ; sur ce nombre il y a un peu plus de neuf millions d’électeurs, c’est donc par conséquent vingt-cinq millions de Français qui n’ont pas part au droit électoral. — Mais, dira-t-on, ce sont des enfants et des femmes, et par conséquent tous les citoyens ont part au suffrage. C’est là qu’est le sophisme. Pourquoi les enfants n’ont-ils pas part au vote ? On dira : Parce qu’ils sont incapables de voter. Alors le suffrage est une fonction ? Non, répond-on, c’est un droit comme la propriété, comme la liberté. Eh bien, quand un enfant est propriétaire, il y a quelqu’un qui le représente ; pourquoi l’enfant n’est-il pas représenté par son père au scrutin électoral ? Si j’ai cinq enfants, pourquoi n’ai-je pas six voix, tandis que l’homme qui est seul n’en aura qu’une ? Est-ce que je ne représente pas un intérêt six fois plus grand ? S’il y a la guerre, est-ce que la guerre ne peut pas me prendre mes enfants ? Est-ce que je n’ai pas six fois plus d’intérêt que le célibataire à l’empêcher ? Il me semble que c’est là un raisonnement très-sérieux, et je n’ai pas tort de dire que le système qui déclare qu’on ne représente pas les enfants est un système aristocratique.
Je viens à l’autre partie de la société qui est exclue du suffrage universel.
Aristote, je me mets sous sa protection, a émis cette pensée qu’on a complètement oubliée depuis trois mille