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ans : c’est que les femmes sont la moitié du genre humain. Évidemment, nos constituants ont oublié cet aphorisme ; dans la vie civile nous avons fait de la femme la compagne de l’homme, mais en politique, on n’a jamais cru que les femmes fussent la moitié du genre humain. La pensée d’Aristote est encore une nouveauté. Lorsque nous allons au théâtre, nous applaudissons Arnolphe répétant les vers suivants, les plus français qu’on ait jamais écrits :

Votre sexe n’est là que pour la dépendance ;
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés dans la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité.
L’une est moitié suprême et l’autre subalterne,
L’une, en tout, est soumise à l’autre qui gouverne ;
Et ce que le soldat, dans son devoir instruit,
Montre d’obéissance au chef qui le conduit,
Le valet à son maître, un enfant à son père,
À son supérieur le moindre petit frère,
N’approche pas encor de la docilité,
Et de l’obéissance, et de l’humilité,
Et du profond respect où la femme doit être,
Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.

Ceci nous fait rire, mais nous raisonnons tous comme ce personnage ridicule ; nous sommes tous des Arnolphe… en politique.

Que peut-on objecter au droit électoral de la femme ? L’homme, dira-t-on, est libre, il est propriétaire, il a des droits. Mais les femmes aussi sont libres, elles peuvent être propriétaires et elles ont des droits. Le