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où l’on ne doit pas de part à ceux qui n’ont pas d’intérêt. On peut aller plus ou moins loin dans cette voie, et considérer comme intéressé tout contribuable, toute personne obligée au service militaire, etc. ; mais quelque large que soit le cercle, il n’est qu’une construction politique, qui peut s’agrandir ou se réduire suivant les temps, les pays et les hommes ; il ne faut parler ni de droit naturel ni d’absolu. Si l’on parle d’absolu, il faut que tout le monde soit représenté.

Aux États-Unis, dans un pays républicain, d’origine anglaise, on ne s’est jamais préoccupé de cette théorie ; on l’a laissée dans l’école ; on s’est toujours cru le droit de régler le suffrage universel comme une fonction. Avant la révolution, chaque colonie avait ses usages particuliers. Dans la Virginie, par exemple, il fallait être propriétaire pour être électeur. La Virginie, pays de grands propriétaires qui se considéraient comme des gentilshommes, se faisait gloire de garder la coutume d’Angleterre. Au contraire, à Rhode-Island, colonie fondée par des puritains qui avaient commencé leur fortune à force de travail, il suffisait d’être domicilié. Ailleurs, il fallait payer un impôt, être inscrit dans la milice, etc. C’était une vieille idée anglaise que quiconque paye l’impôt doit voter.

Après la révolution, on laissa de même la liberté la plus grande, chaque pays régla le suffrage électoral à sa guise.

Aujourd’hui même, en Amérique, il y a une certaine variété dans les lois électorales, tel est électeur en un pays qui ne le serait pas dans un autre. Il y a bien