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Qu’est-ce maintenant que la démocratie ? C’est le peuple gouverné par le peuple, ou du moins par ses représentants. Eh bien, si la représentation est fidèle, il doit y avoir deux cinquièmes de catholiques dans la Chambre, image du pays. Allez à la Chambre, vous verrez que ce parti, qui se compose des deux cinquièmes de la nation, n’est pas représenté.

Au lieu de prendre les catholiques, prenons les libéraux de l’école constitutionnelle, cela vous rendra peut-être plus sympathiques à mon raisonnement. Supposons que les libéraux représentent les deux dixièmes de la nation. Il devrait donc y avoir à la Chambre deux dixièmes de vieux libéraux. Comptez combien il y en a. Avec notre système électoral, il y a à la Chambre une majorité compacte qui n’a pour le libéralisme qu’un amour platonique, il y a une minorité des deux dixièmes de la nation qui n’est point représentée et qui ne brille que par son absence. Voilà un très-grave inconvénient du système actuel. Théoriquement, la représentation doit être l’image de la nation, en fait elle n’est que l’image d’une majorité ; la minorité se trouve donc, sinon opprimée, au moins exclue de l’assemblée nationale. Que dans un pays la majorité impose son opinion à la minorité, c’est la condition même des gouvernements libres ; mais que dans la Chambre il n’y ait pas de place pour cette minorité, c’est une iniquité qui accuse un vice essentiel dans les institutions.

Je vais vous donner un exemple frappant de l’injustice du système, M. Thiers s’est présenté dans plusieurs