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circonscriptions : à Paris, à Marseille, à Aix, à Valenciennes. À Valenciennes il a eu quinze à seize mille voix ; à Aix, dix mille ; à Marseille quinze mille environ. Mettons que la même chose lui fût arrivée à Paris, il n’aurait pas été nommé. Un candidat qui a dans le pays cinquante-cinq mille voix échoue contre quatre concurrents dont aucun n’a réuni plus de seize mille voix ; est-ce juste ? Le système est donc mauvais, car il ne donne pas à la minorité la représentation à laquelle elle a droit ; il conduit les choses de telle façon que des intérêts et des opinions considérables ne peuvent pénétrer dans la Chambre ; il n’y a place que pour une couleur. La Chambre ne représente pas la France, mais l’opinion qui domine à un moment donné. Le système représentatif devient ainsi non plus le bien commun de la nation, l’instrument de la liberté, mais le privilège et l’instrument d’un parti.

Voici maintenant le système proposé par M. Hare, et adopté par M. Mill. Je ne lui emprunte que la pensée fondamentale, je laisse de côté des combinaisons ingénieuses, mais compliquées. En politique, il ne faut pas trop d’esprit. Rien ne réussit que la simplicité et le bon sens.

Qu’est-ce que représente le député ? En France, pour être député, que faut il ? Réunir la moitié plus une d’un certain nombre de voix légalement exigées. Soit, dit M. Hare, mais pourquoi ne compte-t-on que les voix de la majorité, pourquoi ne pas compter toutes les voix ? M. Thiers n’a eu à Marseille que quinze mille voix, son concurrent qui en a eu dix-sept mille est nommé : rien