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Vous savez qu’avant la réforme il y avait des bourgs pourris qui étaient dans les mains de quelques personnes, quelquefois dans les mains de gens d’affaires qui vous vendaient votre élection. Un grand nombre de ces bourgs appartenaient à de grands seigneurs qui disposaient des votes de leurs tenanciers. Chose étrange ! les parlements nommés de cette façon réunissaient les hommes les plus capables d’Angleterre, et aujourd’hui que le suffrage est beaucoup plus étendu, un homme d’un mérite supérieur, Stuart Mill, par exemple, ne peut arriver à la chambre.

Pourquoi ? C’est qu’autrefois les grands seigneurs anglais voulaient faire représenter leur parti par des gens à eux, et qu’on cherchait naturellement les gens les plus capables ; on faisait ainsi entrer à la chambre les Burke, les Mackintosh. Aujourd’hui vous avez un grand nombre d’électeurs qui n’ont plus cette responsabilité individuelle ; on est mené par un journal, par un comité ; on suit un mot d’ordre et on arrive à ce que M. Stuart Mill appelle le triomphe de la médiocrité.

C’est là le mal auquel MM. Hare et Mill voudraient remédier ; ils ne voudraient pas que les hommes les plus capables s’éloignassent de la vie politique, se retirassent de la mêlée. Et, comme dans le système qu’ils proposent chaque électeur a droit de croire à l’efficacité de son vote, ils espèrent ainsi donner au corps électoral l’énergie dont il manque trop souvent.

Enfin ils espèrent que de cette façon les minorités religieuses, politiques, économiques feront entrer des représentants dans la chambre, et cela leur paraît un