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Dans les colonies américaines, on avait les exemples les plus divers. À Rhode-Island, on nommait les députés pour six mois ; dans la Caroline, pour deux ans ; dans la Virginie, pour sept ans. La Virginie, la vieille province, avait toujours eu un faible pour les institutions de la mère patrie ; elle lui avait emprunté le parlement septennal. On ne voit pas que cette imitation eût détruit l’esprit de liberté, car la Virginie fut à la tête de tous les mouvements d’opinion qui amenèrent la formation des États-Unis.

La Convention fédérale se trouva partagée. Les uns voulaient l’assemblée annuelle ; ils répétaient une maxime empruntée, je crois, à l’antiquité : Là où finit l’élection annuelle, la tyrannie commence. On voit dans Montesquieu un passage dans lequel il semble que cette durée d’un an a quelque chose de fatal[1]. Le plus grand nombre des membres de la Convention voulaient au contraire une durée plus longue, et ils avaient pour cela de bonnes raisons. D’abord des raisons matérielles. L’Amérique était un pays fort étendu et nouveau ; il n’y avait pas de routes, et nous voyons que, dans les premiers temps, c’est à cheval qu’on se rendait à Philadelphie, au congrès. C’étaient des voyages de trois semaines, d’un mois, d’un mois et demi pour se rendre à l’assemblée. S’il avait fallu compliquer cela d’une élection annuelle, on eût passé l’année à aller dans le pays soigner les élections et à revenir au siège du congrès.

  1. Esprit des lois, liv. III, ch. iii.