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du corps législatif. C’est ainsi, disait Cabanis, que les députés sont vraiment les représentants de la France ; dans les anciens systèmes, le député ne représentait que son département, tandis qu’aujourd’hui le sénat, qui représente la France, choisissant parmi les candidats des départements, les députés sont à la fois les élus du sénat et ceux des départements, et par conséquent les représentants de toute la France.

Vous connaissez le mécanisme représentatif de l’an VIII : un sénat, un conseil d’État, un tribunat et un corps législatif. Sieyès avait imaginé que la discussion des lois devait suivre les formes d’un jugement. Or, dans tout jugement, il y a le demandeur, le défendeur et le tribunal. Le conseil d’État présentait la loi, c’était le demandeur ; le tribunat parlait et ne votait pas, c’était l’avocat ; le corps législatif votait et ne parlait pas, c’était le juge. Venait enfin le sénat, espèce de cour de cassation chargée de veiller à la conservation des lois. L’empereur supprima le tribunat et garda les trois autres corps. Ces ombres vaines ne l’inquiétaient guère ; dans tout l’empire il n’y avait d’autre pouvoir que le sien.

La charte de 1814 fut chose plus sérieuse. Ce fut l’œuvre d’honnêtes gens qui, après les malheurs de l’empire, voulurent établir la liberté. Ils ne voulaient sans doute pas accorder à la France plus de liberté qu’elle n’en demandait, mais ils cherchèrent à apprendre au pays à se gouverner et lui donnèrent le goût des libres institutions. Seulement, dans la charte, il y a une de ces erreurs qui sont particulières à notre nation.