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gouvernement reste. Mais, dans une république où tous les pouvoirs sont changeants, si vous n’avez pas une chambre qui représente l’esprit de tradition, de conservation, les intérêts actuels sont exposés à une mobilité incessante qui paralyse toute la vie de la nation ; on ne peut plus travailler ; vous êtes dans cette anarchie que nous avons vue en 1848. C’est donc une nécessité pour le maintien du gouvernement républicain, qu’il y ait quelque part un point ferme, une pierre angulaire sur laquelle tout repose. Ce ne peut être un président qui change tous les quatre ans, qui est d’ailleurs emporté par les mêmes passions que le peuple ; ce doit être un corps qui soit aussi permanent que possible, si quelque chose peut être permanent dans une république.

Ce n’est pas seulement pour le gouvernement intérieur que cette permanence est nécessaire, c’est aussi pour le gouvernement du dehors. Une nation ne vit pas seule. Elle a des relations avec les puissances étrangères, relations qui s’établissent par des traités ; il faut observer ces traités non-seulement à la lettre, mais dans leur esprit. Il y a aussi des alliances entre les nations, et les nations, en face l’une de l’autre, peuvent être regardées comme des individus qui s’engagent par des contrats. Ces nations il faut les trouver quelque part. Si aujourd’hui on traite avec une assemblée, et que demain il y ait une autre assemblée toujours peu soucieuse de ce qu’ont fait ses devanciers et toute portée à suivre une autre politique, il n’y a pas d’alliances possibles. Aussi voyons-nous que les démocra-