Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/395

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ties sont rarement puissantes au dehors ; elles peuvent l’être, il est vrai, à un moment donné, par la guerre ; mais il leur manque l’esprit de suite : elles ne peuvent contracter d’alliances durables. Au contraire, chaque fois qu’il y a une aristocratie, vous trouvez une grande politique : à Rome avec le Sénat, à Venise avec le conseil des Dix, en Angleterre avec la Chambre des lords, en Autriche avec le conseil aulique. L’Autriche est tombée vingt fois ; mais elle a derrière elle le conseil aulique, et vous voyez qu’à la fin de guerres souvent désastreuses, et qui l’ont mise à deux doigts de sa ruine, elle finit par se retrouver dans son assiette, et que souvent même elle s’est agrandie. Cela tient à cette persistance politique qui se personnifie dans le conseil aulique. On sait, quand on traite avec l’Autriche, qu’on la retrouvera dix ans, vingt ans plus tard.

Ainsi partout où il y a l’esprit de tradition, cet esprit qui ne peut se conserver dans la mobilité démocratique, il y a de grandes alliances ; partout ailleurs on les cherche en vain. Attachés à la démocratie, mais ayant la conscience de cette faiblesse extérieure, les Américains ont voulu corriger ce vice politique ; ils y ont réussi en instituant le Sénat. On a pu traiter solidement avec les États-Unis, et se féliciter des rapports qu’on a eus avec eux. Avec une habileté qu’on ne saurait trop louer, et qu’on croirait empruntée des Romains, les Américains ont voulu que le Sénat eût seul le contrôle des relations extérieures. Un traité est valable quand il est approuvé par le président et le Sénat. On ne consulte pas la chambre des représentants. Par suite