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le passé. On venait de lire l’Histoire des Girondins ; on voulait jouer à la révolution. C’était la révolution dont on redressait le drapeau, la révolution sans ses excès sans doute, mais aussi sans son esprit, sans cet ardent fanatisme qui en est à la fois la condamnation et l’excuse.

La nouvelle constituante déclara qu’elle reprenait la tradition des grandes assemblées de la révolution ; le résultat final ne pouvait être douteux ; c’était un avortement, j’ai le droit de le dire, puisqu’en juillet 1848 j’ai publié une brochure intitulée : Considérations sur la Constitution, que vous rencontrerez quelque jour sur les quais. J’y dis, en termes exprès, qu’avec le chemin qu’on prenait il était impossible qu’on ne pérît pas.

Le pis, c’est qu’une fois encore on voulait refaire la société. Il était question de changer les idées et la manière de voir de tout le monde, de bouleverser les conditions du travail, de commanditer l’industrie avec les capitaux du gouvernement, etc. De là cette situation inquiète d’une société qui n’était pas sûre de ce qu’elle serait le lendemain. Or, c’est encore une erreur particulière à la France que de s’imaginer qu’il faut longtemps pour faire une constitution. Que penseriez-vous d’un médecin qui s’approcherait d’un malade, et lui dirait : « Votre constitution est mauvaise, restez là ; nous allons vous en faire une autre. »

Dans un pays où la vie de millions d’individus dépend de la sécurité publique, vous arrêtez le mouvement et la vie de la nation tandis que vous discutez ; aussi, dans un temps donné, malgré les meilleures in-