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qui ne s’élevait qu’à 305 millions de francs. C’était une de ces fortunes qui, dans les idées des Grecs, irritent les dieux. La fatalité s’est cruellement vengée. Aujourd’hui nous sommes loin de cette dette de 300 millions. Je crois que de longtemps on ne la reverra. Tout est changé ; le budget des dépenses, qui, en 1861, était de 427 millions, s’est élevé, en 1863, au chiffre de 4 milliards 480 millions, et encore je ne parle pas des budgets rectificatifs, qui, en général, augmentent les dépenses et diminuent les recettes. Quant à la dette, elle était montée, en 1863, à 6 milliards[1]. Voilà ce que coûte la réparation d’une vieille injustice.

Il a fallu chercher des moyens pour subvenir à des dépenses aussi énormes. On a émis du papier d’abord, et on en a émis encore. C’est là une de ces nécessités qui sont effrayantes pour l’avenir. On a essayé de se faire des ressources pour payer le revenu de cette dette, et on a mis pour 180 millions d’impôts l’année dernière. Ces 180 millions d’impôts, qui certainement ne sont pas suffisants, et dont une grande partie est payée par les gens les plus ennemis de l’esclavage (40 millions sont payés par la Nouvelle-Angleterre, 78 millions par le New-Jersey, New-York, la Pensylvanie[2]), embrassent toute la variété de taxes qu’on a pu imaginer. Quand on a voulu répartir l’impôt de façon à le rendre le moins lourd possible, on a trouvé tout ce que notre fiscalité a pu inventer ; on n’a plus eu à hésiter entre les impôts

  1. Elle est aujourd’hui de 15 milliards.
  2. National Almanach, 1864. p. 188.