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À côté de cette armée invisible, rien n’était plus populaire que ce qu’on appelle les milices. C’est de la milice américaine que La Fayette a tiré la garde nationale. Vous savez qu’en Amérique, dans chaque comté, dans chaque ville, il y a des miliciens : ce sont des jeunes gens qu’on exerce, qui savent assez bien le maniement des armes. C’est la pépinière où l’on trouve des soldats au jour de danger. Chez nous, les gardes nationales ont toujours eu le privilège d’exciter le rire, parce que nous avons la comparaison de l’armée, et que des soldats, qui n’ont rien autre chose à faire du matin au soir que de se brosser et de s’astiquer, auront toujours meilleure tournure sous les armes que des bourgeois occupés. Mais, quand on voudra faire de la garde nationale une institution analogue à celle de l’Amérique, on l’exercera au maniement des armes et on lui permettra l’innocent plaisir de parader dans les rues avec un drapeau. On aura bientôt de bons tireurs et de bons marcheurs comme on en a en Suisse. En Amérique, on considère le port d’armes comme un privilège du citoyen. Tandis qu’en France c’est un délit, en Amérique c’est un droit ; chacun tient à faire partie de la milice. C’est la milice qui a fourni les meilleurs soldats pendant les deux révolutions.

La seule question qui occupa les législateurs de 1787 fut d’introduire la régie et l’uniformité dans la milice. On sentait que c’était là la réserve où l’on trouverait des soldats ; qu’il fallait nécessairement qu’on eût des gens qui eussent la même discipline, des armes de