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lative, et nulle part la liberté mise à l’abri du despotisme des assemblées. Vous apercevez donc combien l’étude de la constitution américaine nous intéresse, et combien de choses nous aurons à y apprendre.

Par exemple, comment les Américains peuvent-ils garantir leurs libertés des empiétements de leurs législatures ? Le moyen est aussi simple qu’ingénieux. Quand la loi est faite, là-bas comme partout il faut y obéir. Mais les Américains ont un pouvoir judiciaire complètement indépendant qui est chargé de maintenir la constitution ; c’est de cette façon qu’ils brident le pouvoir législatif. Ainsi, je suppose que le gouvernement veuille, par une loi, empêcher une réunion religieuse : vous allez devant la cour fédérale, et vous faites décider la question, non pas de façon générale, mais dans l’espèce. Si la cour trouve que la loi viole la constitution, elle ne la frappe point de nullité, mais elle déclare que vous avez le droit de vous réunir à vos concitoyens. C’est ainsi que les Américains ont résolu ce grand problème d’avoir des députés qui dépendent du peuple et des libertés qui ne dépendent de personne.

« Quelle est l’utilité de ces études ? diront certaines gens qui se croient pratiques en dédaignant les principes. À quoi peuvent-elles servir ? qu’importent toutes les constitutions. Les hommes sont tout, les idées rien. Satisfaites les intérêts et ne vous inquiétez pas du reste. Une charte n’est qu’un morceau de papier. » Ce sont là des adages prétentieux que je rencontre souvent sur mon chemin ; je n’hésite pas à dire qu’ils sont faux. Si je les croyais vrais, je ne sais si je resterais professeur ; je