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revêtu du souverain pouvoir comprend qu’il ne peut tout oser. Il peut soulever des passions qui le renverseront, il a des motifs qui peuvent l’engager à modérer son despotisme ; il songe à l’histoire, à sa responsabilité devant l’avenir. Mais un membre d’une assemblée, quelle responsabilité a-t-il en réalité, quelle crainte peut-il concevoir en raison du vote qu’il émet ? C’est donc une des plus mauvaises formes du despotisme que le gouvernement d’une assemblée unique. C’est une de ces erreurs si énormes qu’elles sont incroyables pour qui a étudié l’histoire ; mais en 1848 on voulait imiter la révolution, et on copiait la Constituante, pour échouer sur le même écueil.

Une autre erreur fondamentale de la constitution de 1849 est celle par laquelle le droit de révision a été refusé au pays. Savez-vous avant quelle époque il était défendu de toucher à la constitution de 1791 qui a duré trois mois ? Il ne devait pas être permis d’y toucher avant vingt ou trente ans. La France a eu pendant ce temps cinq constitutions et neuf gouvernements. Qu’arrive-t-il quand vous liez un peuple ? c’est que vous l’amenez à faire une révolution contre lui-même et à renverser la constitution qu’il a fondée.

Je m’arrête dans cette longue excursion. Vous voyez que si nous cherchons à quelle époque de notre histoire nous nous sommes fait une idée nette de ce que c’est qu’une constitution, nous reconnaîtrons que la constitution de l’an III, les chartes de 1814 et de 1830, si estimables qu’elles soient, sont loin de la constitution américaine. Nous trouvons partout l’omnipotence légis-