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pour les services militaires et l’intégrité de Carnot, il m’a toujours été impossible de comprendre qu’un homme signe pendant un an des listes journalières qui envoient les gens à la mort, et s’imagine n’encourir aucune responsabilité ; car ces listes, dit-il, il ne les lisait pas, il les signait de confiance. Il était convenu, dit-on, avec d’autres collègues chargés de la police intérieure que ceux-ci ne s’occuperaient pas de la question militaire, et signeraient tout ce que leur proposerait Carnot, et que Carnot, de son côté, signerait tout ce que lui proposeraient ses collègues. Il est évident que s’il eût été seul chef du pouvoir exécutif, Carnot eût regardé les listes avant d’envoyer une foule d’honnêtes gens à la mort sans le savoir, ce qui ne veut pas dire sans en être responsable.

Les Américains résolurent d’établir un pouvoir exécutif unitaire et de le confier à un président, et, à son défaut, à un vice-président. On nomme donc deux personnes dont l’une est le suppléant de l’autre. Le vice-président, aux États-Unis, est en effet un véritable suppléant. Il ne fait pas partie du cabinet du président, il n’a aucune espèce de responsabilité, aucune influence sur les affaires. Vous savez qu’on en a fait le président du Sénat, c’est là son seul rôle ; mais si le président vient à mourir, ou s’il y a quelque empêchement qui s’oppose à ce qu’il remplisse ses fonctions : s’il vient, par exemple, à être mis en accusation, le vice-président prend sa place et devient de suite un véritable président des États-Unis. Il y en a plusieurs exemples. En 1841, le général Harrison vint à mourir après un