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puisse toucher à son pouvoir. Il est vrai qu’il a été nommé par un courant politique ; mais enfin, vous savez quelle est la mobilité de l’opinion : il en résulte qu’un président peut, pendant quatre années, gouverner seul, dans un esprit à lui, et sans écouter le vœu du pays.

Aussi, dans la constitution réformée du Sud, a-t-on mis que les ministres du président auraient des sièges au Sénat et à la Chambre des représentants, de façon à pouvoir donner des explications sur l’état des affaires. Actuellement, au congrès des États-Unis, les ministres ne connaissent pas les chambres, les chambres ne connaissent pas les ministres. Il n’y a que le président qui relie les deux pouvoirs. Le congrès peut faire des lois pour contrecarrer les vues du président, sans que le président puisse intervenir autrement que par son veto, et de son côté le président peut tenir le congrès en échec. C’est un état de frottement qui peut devenir dangereux, tandis qu’avec la responsabilité ministérielle, vous avez des ministres qui représentent les chambres dans le cabinet du président, et le président dans les chambres. Il y a ainsi une facilité de jeu dans les ressorts des pouvoirs qu’on ne peut produire d’aucune autre façon.

Comment est constitué le cabinet du président ? Il a été d’abord établi par Washington avec quatre secrétariats : les affaires étrangères, ce qu’on appelle aujourd’hui le département d’État (State Department), la marine, la guerre et la trésorerie. Il y a quelques années, on y a ajouté le département de l’intérieur (Home ou Interior Department), le maître général des postes et l’attorney général, chargé de conseiller le président, de lui