Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/516

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en proportion de leur fortune, s’assurer par le travail des moyens d’existence, etc., conseils excellents, mais qui n’ont rien à faire avec l’organisation des pouvoirs publics. À un autre point de vue, on avait ajouté que nulle loi ne pourrait être votée qu’après trois lectures, mesure nouvelle et d’un résultat douteux. La charte de 1814 décidait que nul ne serait électeur qui ne payerait pas trois cents francs d’impôt.

C’est un grave inconvénient que de mettre dans une constitution des dispositions législatives susceptibles d’être modifiées. C’est retomber dans cette vieille erreur que les lois sont quelque chose d’immuable. Une fois qu’un peuple s’est donné une constitution, il continue de vivre ; il y a de nouvelles conditions d’existence qui se produisent peu à peu. Il est donc nécessaire de changer les lois. Quand vous avez mis ces lois dans la constitution, vous avez établi un barrage contre lequel le flot populaire vient se briser. Le flot grossit peu à peu, et emporte le barrage. Vous ne pouvez plus toucher à ces lois qu’en renversant la constitution ou en faisant des lois nouvelles qui sont le démenti de la constitution. Vous retombez ainsi dans l’erreur fatale de l’omnipotence parlementaire. Au contraire, avec une constitution qui ne fait qu’établir et limiter les trois pouvoirs, et qui laisse le champ libre aux améliorations, vous avez une plus sûre garantie de la souveraineté du peuple. Voilà ce que sentirent les Américains ; l’avenir a prouvé combien ils avaient raison. Pour réformer la constitution américaine, il faudrait qu’on voulût changer le caractère des trois pouvoirs, donner au président