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une force nouvelle, supprimer le Sénat, affaiblir le pouvoir judiciaire. Ce sont là choses rares ; aussi la constitution est-elle vieille de soixante-quinze ans, et personne ne songe à y apporter de modifications. Au milieu de la terrible révolution qui ensanglante l’Amérique, nous avons vu les hommes du Sud conserver la constitution, et se borner à y faire quelques changements qui n’ont pas d’importance. Ainsi les Américains ont si bien compris ce qu’était une constitution, que cette charte a duré, tandis que chez nous une des causes entre mille qui a amené le renversement de tant de constitutions, c’est qu’on a toujours voulu tout y mettre, et lier à jamais la volonté et la vie de la nation.

Cette constitution américaine avait été pourtant fort difficile à faire accepter. C’était la première fois dans l’histoire du monde qu’on essayait de faire une Union, c’est-à-dire d’établir un gouvernement qui ne fût ni centralisateur et unitaire comme le nôtre, ni lâche et divisé comme l’est une confédération. C’était une création nouvelle. Or il est très-difficile de créer un empire. Cela semble peu donné à la sagesse humaine ; c’est le premier et le seul exemple de ce genre qui figure dans l’histoire.

Aussi dans cette Convention, qui dura trois mois et demi, passa-t-on les premiers mois sans pouvoir s’entendre ; il semblait impossible de trouver un moyen de conciliation entre ceux qui voulaient maintenir l’indépendance des États et ceux qui voulaient faire un gouvernement central, ou, comme le disaient les Améri-