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il y a soixante-quinze ans que les États-Unis ont la chose et jouissent de cette inappréciable liberté.

On s’amuse quelquefois à faire l’énumération indéfinie des sectes américaines, mais il n’y a, en réalité, que quatre ou cinq branches de la communion protestante qui se partagent le pays. Ce que voulaient donc les Américains, c’était que la religion ne pût se mêler à la politique ; car, toutes les fois qu’il en est autrement, un pays n’est pas dans les conditions normales d’un gouvernement régulier. Il y a un intérêt étranger qui divise les esprits et trouble le jeu des institutions. Ce n’est plus de la politique, c’est de la faction. Par exemple, dans le parlement d’Angleterre, il y a les députés irlandais qui sont catholiques. Le parti irlandais vote pour ou contre les ministres, suivant que le gouvernement promet de faire telle ou telle chose pour la religion catholique. Voilà ce que j’appelle un intérêt étranger et factieux ; il ne suffit plus, pour le gouvernement, d’avoir raison devant le parlement et devant le pays ; il lui faut transiger avec des intérêts particuliers, et se subordonner à une minorité. C’est un élément de discorde que les Américains voulaient écarter.

L’Amérique a résolu le problème en mettant l’Église libre dans l’État libre. C’est un des plus grands résultats que puisse obtenir un peuple par sa constitution, et j’ajoute que c’est la plus nécessaire de toutes les réformes, car c’est à la liberté religieuse que tiennent toutes les autres. Il y a dans les pays catholiques un reste du mélange de l’Église et de l’État qui trouble toutes les relations. L’Église, par un souvenir de son