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ancienne souveraineté, voudrait reconquérir une influence politique ; l’État, de son côté, voudrait faire du prêtre un fonctionnaire et de l’Église un instrument ; on arrive ainsi à des conflits qui compromettent la religion aussi bien que la liberté. Le jour où l’Église est libre, au contraire, elle demande la liberté de l’enseignement ; car ce n’est pas une véritable liberté pour elle que d’avoir le droit d’ouvrir des temples, si dans ces temples on lui envoie des enfants élevés dans des principes qui ne sont pas les siens. Il lui faut aussi la liberté d’association, la liberté de réunion, la liberté de la parole, qui aujourd’hui est devenue la liberté de la presse ; si bien qu’en réalité le point essentiel, la pierre angulaire de la liberté, c’est la liberté religieuse qui certainement profiterait plus que toute autre chose à cette Église qui trop souvent la combat, sans savoir ce qu’elle fait.

Après la liberté religieuse vient la liberté de la presse. Les Américains y étaient habitués depuis longtemps. Ils la voulaient entière et complète ; mais remarquez qu’en disant que le Congrès ne toucherait pas à la liberté de la presse, les Américains n’entendaient pas qu’on ne punirait point les excès de la presse. La seule signification de ce mot, c’est qu’on ne peut pas prendre de mesures préventives contre la presse. Ainsi donc, si un État particulier ou le Congrès voulait établir le cautionnement, un droit de timbre sur les journaux, l’autorisation, la censure, l’avertissement, et tout ce qu’on peut imaginer pour étouffer l’opinion, sous le prétexte chimérique de lui ôter la liberté du mal et de ne lui laisser que la liberté du bien, la Cour