Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/69

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chercher une patrie sur le vaste territoire de l’Union, mais cela avait peu d’importance et ne changeait pas plus le fond de la race que ce grand nombre d’étrangers qui, tous les jours, s’établissent en France ; et cependant, si vous vous promenez dans les rues de Paris en regardant les enseignes, vous serez frappé de ce fait, que, parmi les gens qui font du commerce, il y en a presque la moitié qui portent des noms étrangers.

En s’établissant en Amérique les Anglais ne formaient donc point pour cela un nouveau peuple. D’ailleurs c’étaient des Anglais, c’est-à-dire entre tous les peuples celui qui est le moins accessible aux influences étrangères, une race d’acier que rien n’entame. Nous autres Français, nous sommes au point opposé, ce qui fait que nos voisins nous regardent toujours avec un certain effroi. Qu’on mette en présence, sur un même territoire, des Français et des Arabes, ce ne sont pas les Arabes qui deviendront Français, ce sont les Français qui deviendront Arabes. Au Canada, les Français devenaient des Indiens. Au contraire l’Anglais est Anglais partout. Mettez-le dans un climat qui ne lui convient pas, il ne prendra pas la façon de vivre que commande le climat ; s’il est dans l’Inde, il ne se mettra pas à manger du riz, il n’abandonnera ni son bœuf ni son thé. Nulle part il ne change ses habitudes ; partout il détruit les populations ou il les absorbe. Un mot piquant, prononcé sous le règne de Louis-Philippe, exprime bien la différence des deux peuples : M. Sébastiani, causant un jour avec l’ambassadeur d’Angleterre, et croyant