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de son devoir d’être aimable, lui dit : « Oui, Milord, si je n’étais Français, je voudrais être Anglais. — Et moi, Monsieur, répondit l’ambassadeur, si je n’étais Anglais, je voudrais être Anglais. » Un pareil peuple ne se transforme pas.

Mais, dira-t-on, les colons qui arrivaient d’Angleterre provenaient un peu de toutes les provinces ; ces populations n’avaient pas de passé. — Point du tout. Elles avaient derrière elles tout le passé de l’Angleterre ; et encore aujourd’hui, l’histoire de l’Angleterre fait partie de l’histoire d’Amérique, de même que l’histoire de France fait partie de l’histoire du Canada, et que les Canadiens n’oublient pas le vieux pays. Cet esprit de tradition, les Américains l’ont gardé avec ténacité. C’est une des choses que les Français comprennent le moins que ce culte du passé. L’Anglais et l’Américain ont au contraire un attachement très-grand pour la famille. Ainsi, en Angleterre, ce qu’on respecte le plus, c’est la gentry (le mot nous manque parce que nous n’avons pas la chose). La gentry, ce sont les anciens propriétaires du sol, et il y a dans la gentry des familles qui sont établies dans le même endroit depuis le quinzième, le treizième et le douzième siècles.

Ne croyez pas que ce soit la pairie qui constitue la noblesse en Angleterre. La pairie est une institution politique. Sans doute, à côté des nouveaux venus, on trouve dans la Chambre des lords la fleur de la noblesse anglaise, mais vous verrez dans les campagnes de simples propriétaires qui sont plus nobles que la plupart des pairs ; ils le savent et le disent. Et, ce qui n’est pas