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fets, des administrateurs et des bureaux. Pour les Américains, c’est tout autre chose. C’est d’abord fonder une école, puis bâtir une église, ou plutôt beaucoup d’églises ; c’est organiser la commune, c’est former une milice qui permette aux citoyens de se protéger eux-mêmes. Et quand on a fait cela, quand on a établi une libre société qui fait elle-même ses affaires, on lui superpose le gouvernement américain, deux chambres, le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire ; voilà un État constitué. C’est partout et toujours la même répétition.

Un autre exemple qui nous touche de plus près. Quand nous avons quitté l’Amérique, nous y avons laissé 65 000 Canadiens, braves gens qui avaient souffert pour nous, fils de la Vendée, de la Normandie, ayant gardé leurs souvenirs. Ces Canadiens ont été, dès le premier jour, assez bien traités par les Anglais ; on avait peur qu’ils ne se réunissent aux États-Unis. L’Angleterre se montra humaine par intérêt ; elle laissa aux Canadiens leur Église, leur langue, leurs lois, le droit de se gouverner à peu près comme sous la domination française. Peu à peu commença l’émigration anglaise dans le haut Canada, elle devint de plus en plus active, et les Canadiens ne purent vivre en bonne intelligence avec les nouveaux colons, qui ne les traitaient pas sur un pied d’égalité ; ils s’insurgèrent donc, et vous n’avez peut-être pas oublié le nom de M. Papineau et la révolte des Bas-Canadiens.

L’Angleterre envoya à cette époque, en 1839, pour gouverner la colonie, un homme qui a laissé une grande réputation par son esprit libéral, lord Durham, qui avait