Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/81

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été en 1831 un des grands amis de la Pologne et un des promoteurs du bill de réforme. Au lieu d’écraser la résistance en disant que plus tard il ferait justice, une justice qu’on oublie d’ordinaire, il se dit : « Puisque ce peuple souffre, c’est qu’il y a une cause à sa souffrance ; la cause, c’est l’inégalité. En lui donnant la liberté politique, on ramènera la paix dans la colonie. Les Canadiens sont huit cent mille, Français et Anglais. Qu’on fasse une chambre dans laquelle on parlera en français et en anglais ; on s’entend toujours quand il s’agit de liberté. Cette chambre nommera un ministère. Chacun fera valoir ses droits. Si les Canadiens français sont les plus nombreux, ils domineront dans la chambre ; s’ils sont les plus faibles, ils se résigneront, en attendant qu’une autre session leur donne la majorité. » C’était, vous le voyez, une ingénieuse nouveauté. Le succès a été complet. Depuis cette époque, le Canada prospère ; et si l’on demande aux bas-Canadiens comment ils se trouvent de cette importation des institutions anglaises : « Nos institutions, disent-ils, ne sont ni américaines ni anglaises. Pourquoi voulez-vous donner une nationalité à la liberté ? »

C’est la conclusion de ma leçon. Ces institutions, qui font la force de l’Angleterre et de l’Amérique, ont été amenées par le progrès de la civilisation ; aujourd’hui, dans des conditions pareilles, elles nous gouverneraient admirablement. Encore une fois, il ne s’agit pas d’introduire des coutumes anglaises ou américaines en France ; loin de moi une pareille folie ! Toutes les fois qu’on voit un peuple qui prospère, la première pensée