Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

unité, où on laisse aux communes, aux corporations, aux individus le droit de vivre à leur gré, il y a une floraison admirable, un épanouissement de liberté, de richesse et de prospérité. L’unité n’est donc pas tout, il faut une unité qui se concilie avec la liberté, une liberté qui permette l’unité.

Il y a un point milieu, un point où le pendule qui oscille entre le despotisme et l’anarchie doit s’arrêter. Fixer ce point est une question capitale. Affaiblir l’unité nationale, personne n’y songe ; affaiblir le gouvernement qui représente l’unité nationale au dehors, personne ne le veut ; mais chercher ce que, sans affaiblir le gouvernement au dehors, on peut introduire de liberté au dedans, faire cette part que la centralisation chez nous a trop diminuée, c’est là aujourd’hui un des grands problèmes de la politique. À ce point de vue vous sentez combien nous intéresse l’histoire des tentatives faites par l’Amérique avant d’arriver à trouver sa constitution, car sous une autre forme le problème est celui qui nous touche : laisser à l’indépendance locale tout ce qu’on peut lui laisser sans nuire à l’unité nationale. Est-ce là seulement une théorie qui n’a plus qu’un intérêt historique ? Non ; nous sommes dans le vif de la question.

Quand l’Amérique voulut se constituer, elle fit ce que font les peuples civilisés, chaque fois qu’ils se trouvent dans une situation nouvelle, elle regarda autour d’elle, elle examina comment s’étaient tirés d’embarras, comment s’étaient organisés les États qui avaient traversé des crises semblables.