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L’Amérique chercha donc des exemples en Europe. Elle y trouva une confédération qui faisait l’admiration des politiques. Cette confédération dont la gloire est effacée aujourd’hui par la gloire plus haute de l’Union américaine, c’est celle des Pays-Bas, la Hollande de nos pères.

Les Pays-Bas sont un petit État qui vit fort heureux, et qui, avec ses deux millions d’habitants, en gouverne quarante ou cinquante millions dans les îles indiennes ; nous ne nous en occupons guère : c’est un peuple qui a conquis ses libertés et qui, au lieu d’en parler, en jouit paisiblement. Mais la Hollande a été la mère de la liberté moderne ; l’Angleterre s’est mise à son école quand elle a voulu constituer son gouvernement.

Au dernier siècle, la Hollande, qui n’avait pas perdu sa suprématie maritime, est encore comptée par Montesquieu au nombre des trois grandes puissances, qui sont pour lui l’Angleterre, la Hollande et la France. Il était naturel que l’Amérique tournât les yeux vers cette confédération dont Montesquieu fait un grand éloge[1]. Or, la confédération des Pays-Bas était composée de sept provinces indépendantes qui avaient seulement un point d’union par leur diète, leur armée et le chef de leur armée, le stathouder. Quand il s’agissait de discuter une question d’intérêt commun, chaque province envoyait ses députés à la diète, et chacune d’elles avait une voix. Mais comme l’indépendance provinciale était complète, la diète n’était en réalité qu’une

  1. Montesquieu, Esprit des lois, ix, 1.