Page:Laboulaye - Locke, législateur de la Caroline.djvu/21

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sions faites par le Parlement. Quant aux autres congrégations, elles avaient la liberté de taxer leurs membres pour le soutien du ministère, mais l’Etat ne venait point à leur secours.

Du reste, celle tolérance de l’Etat n’était rien moins que l’indifférence. À dix-sept ans, tout habitant devait déclarer h quelle communion il appartenait, et se faire inscrire dans son église ; autrement il ne pouvait invoquer la protection des lois. On n’était citoyen de la Caroline qu’en reconnaissant qu’il y a un Dieu, et que Dieu doit être honoré publiquement.

Dans cette disposition, on reconnaît l’œuvre d’un homme tel que Locke, véritablement pieux, et qui avait pris l’Ecriture pour règle de sa vie, mais l’Ecriture librement interprétée ; car c’était une maxime qu’il répétait souvent : qu’au jour du jugement, Dieu ne lui demanderait pas s’il avait suivi Luther ou Calvin, mais s’il avait aimé et cherché la vérité. Il voulait de la liberté, non pas comme un moyen de s’affranchir de toute religion (l’athée était un monstre pour lui), mais au contraire comme un moyen de ramener l’homme à Dieu, en ouvrant toutes les voies à la sensibilité et à la raison.

Telle fut la Constitution qu’imaginèrent Locke et Shaftesbury. Comme le nom des auteurs n’est point mis en tête de la loi, quelques historiens, des Américains surtout, ont prétendu qu’il était impossible d’attribuer à un si grand philosophe cette œuvre qui reproduit, en les exagérant, toutes les injustices de la féodalité ; mais tout en reconnaissant que certaines maximes de liberté politique et surtout religieuse, que Locke a défendues dans ses écrits, ne reçoivent qu’une satisfaction incomplète dans la Constitution de la Caroline ; tout en faisant la part des circonstances et des influences