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Page:Laboulaye - Locke, législateur de la Caroline.djvu/22

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extérieures, il faut bien reconnaître que dans ses lignes générales la Charte de la Caroline est en harmonie parfaite avec les théories politiques de Locke, et qu’elle a, dans le traité Du gouvernement civil, son commentaire naturel.

Si l’on en croit M. Bancroft[1] 1, Locke, dans sa vieillesse, conservait encore, comme un monument de sa gloire, le souvenir de ses labeurs législatifs, et ses admirateurs, le mettant bien au-dessus de Penn, le quaker-roi, son contemporain et son rival, le comparaient à ces anciens philosophes, à ces premiers législateurs, à qui le monde éleva des statues. La Constitution, signée en mars 1670, fut accueillie en Angleterre par des acclamations universelles. On ne l’appela que le GRAND MODÈLE. « Les empires, disait un admirateur « de Shartesbury, se disputeront la gloire de se soumettre au « noble gouvernement qu’une profonde sagesse a préparé « pour la Caroline. » Quant aux propriétaires, qui devaient bientôt récompenser Locke, en le nommant landgrave, ils étaient convaincus qu’en scellant ce grand acte, ils attachaient leur nom à une œuvre sainte, inaltérable, et qui, selon leurs propres paroles, devait durer à jamais[2].

La Constitution adoptée, les propriétaires songèrent immédiatement à organiser le gouvernement, et Monck, le duc d’albemarle, fut, comme le plus âgé, nommé palatin ; jusque-là tout était facile ; mais à l’arrivée de la Charte en Amérique, quand on voulut appliquer cette grande et complexe organisation à la simple société de quelques cultivateurs, on s’aperçut bientôt que les faits démentaient la théorie et la condamnaient sans retour. Où trouver en effet la

  1. Tome II, p. 150.
  2. Bancroft, II, 151