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nous, qu’il y a pour l’État un intérêt direct à ce que les hommes qui se destinent à son service, ou auxquels il donne un caractère public, comme les avocats, les notaires, les médecins, justifient avant tout des connaissances générales et spéciales qu’ils ont dû acquérir dans l’Université. On a donc placé à la fin des études (mais à la fin seulement) un examen général dans lequel le candidat, qui a fait au moins trois années d’études[1] ; est interrogé sur les connaissances les plus nécessaires à sa future profession.

À Berlin, par exemple, l’examen porte sur les matières suivantes : droit romain, ce qui comprend 1o  l’histoire du droit, 2o  les Institutes, 3o  les Pandectes ;[2] droit allemand, ce qui comprend 4o  l’histoire du droit public et privé, 5o  le droit privé germanique, 6o  la procédure civile, 7o le droit criminel, 8o la procédure criminelle, 9o le droit féodal, 10o le droit public, 11o droit des gens, 12o droit naturel ou philosophie du droit.

À Leipzig, l’examen est plus étendu il porte sur les cours suivants : 1o  philosophie (logique, méthaphysique), 2o  histoire universelle, 3o  histoire d’Allemagne[3], 4o  histoire du droit,

  1. La loi fixe un minimum, parce qu’il est impossible à un homme laborieux et intelligent de mettre moins de trois années pour étudier les sujets nombreux et divers sur lesquels porte l’examen ; mais on n’a point fixé un maximum, et encore moins un délai fatal et uniforme, comme on l’a fait chez nous ; car c’est supposer une chose impossible, l’égalité de toutes les de toutes les intelligences. Qu’importe à l’État que l’étudiant reste trois, quatre ou cinq ans dans l’Université, pourvu que pendant ce laps de temps il justifie de son travail. C’est au père de famille à surveiller son fils ; lui seul connaît assez son intelligence pour juger sûrement de la durée convenable de ses études, durée aussi variable que l’intelligence de chaque individu.
  2. Les Pandectes comprennent cette partie du droit romain qui est encore appliquée comme législation civile dans une grande partie de l’Allemagne. C’est un enseignement aussi considérable que celui du Code civil, et qui embrasse à peu près les mêmes matières. Le cours de Pandectes, y compris le droit de succession, qui se donne séparément et en général par le même professeur, dure un semestre à seize heures de leçons par semaine, soit pour vingt semaines trois cent vingt heures de leçon : le Code civil s’enseigne, chez nous, en trois cent soixante heures, à supposer six semestres de vingt semaines et trois heures de leçon par semaine.
  3. On voit qu’en Allemagne on ne croit pas que l’enseignement littéraire soit, pour les étudiants en droit, chose de luxe. M. de Salvandy a soulevé