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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/10

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temps idéalisé par la philosophie cynique comme le type même du redresseur de torts —, tantôt à Esculape, le dieu guérisseur, tantôt à Hélios, à Cybèle, à Attis, à Mithra. Ils ont essayé aussi de parer littérairement certaines grandes figures du paganisme — Pythagore, Socrate, Apollonius de Tyane, Apulée — d’un rayonnement assez vif pour qu’en fût obscurcie l’auréole du Galiléen. La diversité même de ces idéalisations plus ou moins adroites prouve à quel point ils étaient anxieux de dresser, coûte que coûte, quelque réplique victorieuse en face du Jésus-Dieu des chrétiens.

III

S’ils ont été finalement vaincus, cet insuccès fut dû à bien des causes, qui ne sauraient toutes leur être imputées. Soulignons quelques-unes de celles dont on doit les déclarer responsables.

Ils eurent, en premier lieu, le tort de sous-estimer leurs adversaires. À les entendre, ceux-ci n’auraient été que des illettrés étrangers à toute solide formation, et qui substituaient une foi aveugle aux prudentes et fécondes démarches de la raison. — Nul doute qu’il n’y eût, parmi les éléments chrétiens, beaucoup d’esprits de cette sorte. Clément d’Alexandrie, Origène, Lactance, d’autres encore, souffrirent par eux ; et ils nous attestent l’importance de leur rôle à courte vue dans les Églises. — Là où était l’injustice, c’était de méconnaître à ce point le vœu ardent d’une élite pour penser sa foi, pour en concilier les articles avec l’acquis de la pensée grecque. Plus ou moins suivie, plus ou moins suspecte, cette élite travaillait assidûment à accorder christianisme et philosophie. Quand elle jugeait les doctrines