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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/112

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castique. D’entrer en discussion, pour les désabuser, avec les rêveurs naïfs que ce chenapan de Peregrinus avait si commodément mystifiés, voilà une initiative dont la pensée reste loin de lui. Il lui suffisait d’amuser d’eux pendant quelques chapitres son public habituel, qu’il ne provoque même pas à les détester.

Or, du vivant même de Lucien, déjà vieilli, un écrivain de formation bien plus solide et d’une tout autre envergure d’esprit allait prendre à parti les fidèles de Jésus, et cela non plus de biais et en un débat épisodique, mais dans tout un opuscule, riche de substance. La philosophie, l’histoire, le bon sens, le témoignage des autres religions et leurs troublantes analogies, le sentiment national, les traditions du passé, étaient conviés tour à tour à déposer contre le christianisme, pour le convaincre d’illogisme, de plagiat, de désertion civique.

Les chrétiens avaient le droit, cette fois encore, de se plaindre qu’on les méconnût. Au moins n’étaient-ils plus traités en adversaires négligeables, indignes d’être tout au long réfutés.

Le Logos Alethès[1] (tel était le titre de l’ouvrage de Celse) offre la première enquête approfondie dont le christianisme ait été l’objet, du côté païen, et les polémistes ultérieurs s’en inspireront sans y ajouter grand chose.

La critique s’est beaucoup occupée de Celse en ces dernières décades. Elle considère à juste titre comme une bonne fortune de pouvoir connaître, grâce aux larges extraits qu’Origène a cités de son pamphlet, la pensée d’un païen instruit, capable d’érudition et de dialectique, sur le

  1. Discours vrai, ou Parole de Vérité.