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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/133

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conception qu’ils s’en forment] jouira avec Dieu de la vie éternelle, c’est à eux que je m’adresse. Ils voient juste en estimant qu’à mener une vie bonne au point de vue moral on obtiendra la félicité, tandis que les pervers subiront la torture d’éternels châtiments. De cette croyance, ni eux, ni qui que ce soit, ne doivent jamais s’écarter[1].

Et encore :

Il y a dans l’homme quelque chose de plus élevé que l’élément terrestre. Ceux chez qui l’âme est ce qu’elle doit être se dirigent fermement vers Dieu, qui leur est apparenté, et désirent toujours entendre parler de lui et penser à lui[2].

De ce Dieu, Celse conçoit l’action sur le monde de la même façon que la concevaient la plupart des philosophes de ce temps, par l’intermédiaire des démons, dont chacun a ses attributions et sa sphère d’influence[3]. Ces divinités subalternes peuvent beaucoup pour promouvoir les rois à leur haute dignité et les y maintenir[4]. Elles prédisent aux cités leur avenir, mais c’est surtout le corps humain qui est dans leur dépendance[5]. Elles lui fournissent l’air qu’il respire et le rendent, à leur gré, sain ou malade[6]. Aussi Celse a-t-il peur des démons ; il sait leur avidité de jouissances sensuelles, leur susceptibilité ombrageuse et les représailles qu’ils exercent contre ceux qui se refusent à les honorer[7]. « Il faut leur offrir des sacrifices dans la mesure où cela est utile (ἐφ’ ὅσον συμφέρει), car la raison n’exige pas qu’on le fasse en n’importe quel cas[8]. »

  1. VIII, 49.
  2. I, 8.
  3. VIII, 58. Il les appelle (VIII, 35) « des satrapes et des ministres, habitants de l’air et de la terre ».
  4. VIII, 63.
  5. VIII, 31.
  6. VIII, 58.
  7. VIII, 60.
  8. VIII, 62 ; cf. VIII, 25.